Le mythe de la dominance : Toutou veut-il dominer le monde ?

Vous avez déjà entendu cette phrase “mon chien est dominant”, moi je reçois souvent des appels car “mon chien veut dominer” ou alors une personne entrant dans un cours collectif qui demande “alors c’est lequel le dominant?”, alors je vous spoile tout de suite la suite de cet article : UN CHIEN DOMINANT, CELA N’EXISTE PAS !!

La théorie de la dominance suppose que le chien serait motivé toute sa vie, à chaque instant, à atteindre le Graal : dominer les chiens, les humains, la terre entière… Et pour y arriver il adopterait des comportements agressifs qui prouverait qu’il est le plus fort ! Rien que ça 😁
Cette interprétation a donc encouragé le développement de techniques de dressage faisant appel à la punition et à la force, dans le but de montrer au chien qui est LE patron : son maître !


Sur quelles études cette théorie est basée ? Aucune 😆 On nous a fait croire pendant des décennies que comme le chien descend du loup, que les loups en captivité formeraient une “hiérarchie” pour décider quels loups avaient d’abord accès aux ressources et aux droits de reproduction, alors forcément c’est pareil chez le chien.

Et en vrai ? Les recherches sur les populations naturelles de loups sauvages réfutent la théorie de “hiérarchie de dominance”. Elles indiquent que les groupements sont davantage basés sur des groupes familiaux. Ces groupes se basent sur la coopération. Les loups adultes guident leurs louveteaux dans le développement des compétences sociales et des compétences de la chasse. Dans ces groupes, il n’y a pas d’alpha obtenu par la force ou l’agression. Les comportements agressifs sont très rares dans les groupes stables. En effet, les loups sont libres de se disperser en cas de conflit, au lieu d’être forcés de vivre ensemble. C’est d’ailleurs plus que logique. Dans la nature, l’animal doit pouvoir survivre sans se blesser surtout pour la pérennité de l’espèce. Hors, cela est impossible si la vie est faite d’agressions. 


Les structures sociales des chiens sont basées sur des relations et des expériences individuelles. Les chiens, issus d’une espèce très sociale, ont la capacité de lire le comportement de chacun. Ils peuvent établir ce que ressentent les autres et de modifier leur comportement en conséquence. Cette capacité à réagir aux changements de l’environnement social signifie que leur comportement est très flexible. C’est donc différent des idées selon lesquelles, les chiens sont considérés comme ayant pour seul but de dominer les autres. Heureusement pour eux d’ailleurs ! Si non, ils n’auraient jamais pu évoluer avec l’être humain, qui lui demande, soyons honnête, souvent beaucoup de trop !

Vous allez me dire « oui, mais mon chien fait des actions de dominant » 🙃 Voici en réalité ce que sont ces « actions » :
➡️ Des réactions émotionnelles (être très content et ne plus tout contrôler, être très énervé et ne pas savoir gérer, un trop plein d’émotions…)
➡️ Des signaux d’apaisement (une demande de « cesser » l’action en cours car il a peur, il n’aime pas,…)
➡️ Du jeu (parce que le chien reste toute sa vie un grand joueur)
➡️ Un trait de caractère (certains vont aimer « mettre un coup de pression » aux autres pour tester leurs limites, certains ne vont pas aimer voir d’autres jouer sans eux, où d’autres qui jouent à courir, jouent à la bagarre…)
➡️ Un moyen de se défendre quand la situation est allée trop loin pour lui

Prenons l’exemple du chevauchement, qui est réputé comme étant un critère du dominant 😵‍💫
Outre le fait que chevauchement puisse être d’ordre hormonal, le chevauchement (sur un autre chien, un humain,…) peut avoir comme raison :
➡️ Une réaction émotionnelle : par exemple, être super content de voir un copain-canin et ne plus savoir comment gérer
➡️ Un signal d’apaisement : par exemple, un moyen pour dire à l’autre chien « ton jeu est trop brute, tu me fais peur, calme-toi »
➡️ Du jeu : oui il y en a certain que ça amuse !
➡️ Un trait de caractère : par exemple, chevaucher chaque nouveau chien qu’il rencontre parce qu’il a identifié que les rencontres se passent comme ça et qu’après ils ont l’interaction « jeu/faire leur vie/etc.. » qui lui convient
➡️ Un moyen de se défendre : par exemple, s’il n’y a que comme ça qu’il peut faire comprendre à l’autre chien qu’il n’est pas « ok » avec la situation

Ainsi, que le chien soit étiqueté « soumis » ou « dominant » par les théoristes de la dominance, un chien peu tout à fait chevauché pour toutes ces raisons ! Et cela fonctionne comme ça pour chaque comportement 😉

La science et l’éthologie nous ont montré que la soumission forcée n’était pas du tout représentative de la façon dont les chiens établissent des relations fonctionnelles saines entre eux ou les autres espèces. Nous pouvons dire qu’un chien a du caractère comme nous pourrions le dire d’un autre humain. Mais nous ne pouvons pas parler de dominance. La plupart des problèmes de comportement canin résultent de l’insécurité et/ou du maintient du confort, non pas du désir de dominer le monde.

Nous sommes responsables de nos chiens. Mais pas en tant que dominant. Par conséquent, enseigner aux chiens “qui est le patron” par la force, est précisément le contraire de ce dont ils ont réellement besoin. À l’heure où nous pouvons éduquer sans violence, à quoi cela sert-il de se priver d’une coopération saine avec le chien ?

Publié par Mégane Wouf Éducation

Éducatrice et comportementaliste canin à Reims depuis 2018 Spécialisée en développement du chiot, loisirs canins et soins coopératifs

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